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CICF an 2 : alors là, poussez-vous tout le monde

Cédric Cartau, MARDI 19 JUILLET 2016

L’année dernière, à l’occasion de la première édition de l’audit de certification des comptes, je m’étais fendu d’un article dithyrambique[1] sur son impact – positif – pour les RSSI dont je suis.  

En clair et sans détour, de nombreux messages que nous autres RSSI avons du mal à faire passer auprès des équipes diverses, les commissaires aux comptes les ont imposés en deux coups de cuillère à pot, parce que sinon pas de certification ou, a minima, réserve : cela fait tache. Au hasard, la maîtrise des comptes admin système par la DSI, une vraie poésie croyez-moi, qui relève plutôt du Jason Pollock organisationnel que d’une quelconque maîtrise, même riquiqui. Je trouve cela du dernier piquant. D’ailleurs, les informaticiens sont les premiers à fustiger les comptes génériques utilisateur (à raison du reste) mais sont, dans beaucoup de DSI, fichtre incapables de maîtriser les leurs…

La première fois c’était tellement bon que vous vous demandiez comment serait la deuxième ? Les petits impatients ne vont pas être déçus. Que l’on en juge.

Dans la V1, il fallait grosso modo dérouler environ quatre domaines : les habilitations systèmes, la facturation, la gestion économique et financière et la paye. Dans chacun de ces domaines, il fallait en substance s’assurer de la non-présence d’identifiants génériques, d’une politique d’habilitation implémentant la séparation des rôles (les commissaires adorent ce truc), avoir épuré les identifiants des personnels ayant quitté leurs fonctions et accessoirement s’être assuré que toute connexion à un progiciel manipulant des euros se fait après authentification. Quelques préconisations également sur la complexité des mots de passe, du classique.

Dans la V2, on change de braquet. Les quatre domaines précédents, qui sont passés par la première phase (BUILD), sont maintenant en mode RUN : revue des comptes (et document de preuve), revue des politiques (et encore document de preuve, encore un truc que les commissaires adorent). Mais on rajoute maintenant dans le BUILD la totalité des progiciels qui produisent des éléments à destination de la facturation : dans un CHU, cela fait vite monter la note car tout progiciel de spécialité dans lequel est réalisée une saisie des actes est candidat de fait : concrètement, on passe sans encombre la barre des 20 domaines fonctionnels, pour lesquels il va falloir rejouer le mode BUILD ci-dessus en totalité. L’impact sur les équipes (à la fois AMOA de la DSI et MOA) se chiffre en semaines-homme, qu’il va falloir fournir avant la date butoir (fin d’année).

Le plus drôle, c’est que les commissaires annoncent (sans rire) qu’après cela on sera en mode RUN (renouvellement) pour tous les domaines identifiés à la V1 et V2. Mon œil ! D’une part, des progiciels qui manipulent de près ou de loin des flux financiers, il en arrive tous les ans ; d’autre part, au sein du même périmètre les exigences vont monter : pour l’instant, les auditeurs sont restés tout mignons sur les interfaces et leur documentation, je gage que cela va se durcir dans les prochaines versions. 

Bref, comme disait Blondin à Tuco[2], le monde des DSI se divise en deux catégories : ceux qui ne voient pas la poutre leur arriver dans l’œil, et ceux qui anticipent.

[1] http://www.dsih.fr/article/1723/au-8eme-jour-il-crea-les-commissaires-aux-comptes.html

[2] Le Bon, la Brute et le Truand, Sergio Leone,1966.

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