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La convergence des systèmes d’information du GHT de l’Aube et du Sézannais

Michaël De Block , LUNDI 03 AVRIL 2017

Lors de mes précédents témoignages, j’ai évoqué le volet organisationnel et humain, en abordant les conditions de la création d’un service informatique territorial et la formation des collaborateurs qui le constituent. Aujourd’hui, nous allons parler des outils et essayer de comprendre comment s’est traduit localement, depuis deux ans, le concept de système d’information convergent.

Alors que les débats sur l’interopérabilité ou l’unicité du SI allaient bon train au plan national, je faisais un constat assez décourageant sur mon bassin de santé : l’audit des Hôpitaux de Champagne de Sud mettait en évidence un catalogue de 150 logiciels « métiers » différents dont trois DPI concurrents. Comment faire converger cet ensemble hétérogène ?

Puisque nous avions décidé de nous appuyer sur les compétences locales du service informatique territorial, quel était notre savoir-faire ? Quelle expertise avaient donc acquis les chefs de projets informatiques de l’établissement support ? Celle du DPI commun du CH de Troyes bien évidemment ! Et c’est sur cette base que nous nous sommes d’abord appuyés pour équiper les établissements de Romilly, Nogent et Sézanne, qui n’étaient pas dotés de dossier patient informatisé. Nous fûmes d’abord surpris par la rapidité avec laquelle se fit cette informatisation (il faut dire que nous avions mis presque dix ans à informatiser le CH de Troyes…). Mais au bout de deux ans, le constat était clair : il fallait continuer dans cette voie, d’autant que le GCS Santé Numérique, en tant que centrale d’achats, nous donnait l’assise juridique et réglementaire nécessaire pour déployer un même DPI dans plusieurs établissements membres.

Dans cette logique, quand l’hôpital de Bar-sur-Aube entra dans la démarche du programme Hôpital numérique et prit acte de l’obsolescence de son DPI, nous lui avons naturellement proposé d’installer le même logiciel qu’à Troyes, Romilly, Nogent et Sézanne. L’affaire était entendue, et nous nous orientions progressivement vers un DPI unique pour tous les hôpitaux publics du GHT !

Mais le long fleuve tranquille s’arrêta brusquement aux portes des deux derniers établissements publics du GHT : le premier, EPSM, disposait d’un logiciel spécifique à la psychiatrie, tandis que le second venait d’acheter sans avoir fini de l’amortir un logiciel parfaitement adapté à son organisation d’hôpital local de moins de 200 lits. On n’informatise jamais les utilisateurs contre leur gré (ou on le regrette un jour…) et sans la certitude de pouvoir leur proposer un périmètre au moins isofonctionnel. Le jeune GHT aubo-sézannais, encore fragile, n’aurait pas supporté qu’un débat informatique vienne perturber l’équilibre global du projet d’établissement commun…

Au même moment, un autre vent commençait à souffler : les partenaires médico-sociaux et libéraux qui soutenaient la démarche du GHT et du GCS Santé Numérique du projet de Territoire de soins numérique réclamaient, eux aussi, de l’interopérabilité, sans pour autant renier leurs choix informatiques historiques.

C’est alors qu’apparut de manière presque providentielle – et j’ai la faiblesse de penser que c’est un signe des temps – la volonté de l’éditeur des DPI des cinq établissements d’ouvrir son écosystème à plus de partenariat et d’interaction : API, Web Services et autres kits de développement SDK allaient permettre de relever plusieurs défis :

  • Mener des projets de coopération en permettant à chaque établissement de conserver son propre DPI ainsi que son propre référentiel de structure, de médicaments et d’identités patients : la PUI territoriale de notre GHT relève ce défi d’une validation pharmaceutique centralisée avec sept établissements engagés ;
  • Développer de nouveaux usages avec des applications smartphones au domicile du patient connectées de manière sécurisée au DPI hospitalier ou encore à notre portail sécurisé ville-hôpital MyGHT.

Nous étions partis pour un SI unique et avons fini par construire une plateforme de coordination multi-établissements, permettant de mutualiser les moyens, d’échanger des informations patients (prescriptions, comptes rendus) en mode « fédération d’identités ».

Outre le fait que la qualité de services est au rendez-vous et que les projets avancent en développement agile, en lien de proximité fort avec nos professionnels de santé, cette démarche est compatible avec nos budgets d’investissement (resserrés, il faut bien le rappeler) et permet de préserver un environnement multi-éditeurs, qui est propice à l’émulation et à l’innovation technologique puisque des éditeurs nationaux et des sociétés de services informatiques locales travaillent de concert efficacement. Nous devrions donc tenir ainsi jusqu’en 2021, date annoncée du SI unique de GHT !

L’auteur
Michaël De Block est directeur de l’information numérique des Hôpitaux de Champagne Sud et administrateur du groupement de coopération sanitaire Santé Numérique, GCS de moyens informatiques du GHT de l’Aube et du Sézannais.

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