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Externalisation et technologies numériques

Thierry Dumoulin, LUNDI 30 OCTOBRE 2017

A l’heure de la mise en place des GHT, la question de l’externalisation de tout ou partie des fonctions SI est posée. Si cette question est largement documentée dans la littérature spécialisée, qu’en est-il de l’externalisation des fonctions spécifiques aux technologies numériques.

Les offres Cloud à l’heure du numérique

Quand on pense à externaliser, on aborde généralement le sujet sous l’angle stratégique : recentrage sur le métier, optimisation du budget, agilité du SI, gestion des compétences... On évoque rarement les aspects techniques car les offres d’hébergement en mode Cloud sont aujourd’hui suffisamment matures pour accueillir la plupart des applications. En dehors des contraintes du décret Hébergeur, les applications de santé ne constituent pas une exception. Cependant la transformation numérique de l’hôpital ne se limite pas à informatiser les processus métier à l’aide d’applications classiques de type « gestion » mais tend aussi à intégrer les différents flux générés par toutes sortes d’équipements relevant plutôt de l’informatique « industrielle ».

Hôpital informatisé ou hôpital numérique

L’hôpital numérique est avant tout un hôpital connecté et ses connexions sont multiples, mais c’est la connexion des objets qui marque sa réelle différence avec un hôpital informatisé. Pour ce dernier, la dimension numérique se concentre sur des applications logicielles de type client-serveur. Que les données et les applications soient accessibles directement sur le réseau local de l’établissement ou à distance dans le Cloud fait peu de différence du point de vue de la performance et de l’ergonomie pour l’utilisateur. Les accès internet actuels permettent d’assurer des temps de réponse globalement bon pour ce type d’utilisation. Le temps réel qu’exigent ces applications a pour ordre de grandeur la seconde ce qui est parfaitement compatible avec les offres de type DSL proposées par les opérateurs Telecom.

La dimension temps réel du numérique

Le passage au numérique remet au premier plan un temps réel plus technique qui est celui des objets connectés. Les ordres de grandeur sont alors de la milliseconde. Le pilotage d’un robot à distance, la communication vocale ou visuelle en temps réel, les fonctions de monitoring vital ne peuvent supporter des interruptions de l’ordre de la seconde. Ainsi, par exemple, pour faire fonctionner correctement un simple système de dictée numérique à travers une liaison distante, seules les offres à base de fibres optiques possèdent les caractéristiques requises en termes de latence du réseau.

Convergence des SI et convergence numérique

L’objectif de SI convergent qui anime les GHT doit intégrer cette dimension de la transformation numérique. Pour raccorder un établissement à une application mutualisée avec des exigences forte de temps réel, il faut pouvoir s’appuyer sur une offre opérateur adaptée. C’est le cas pour les établissements situés dans de grandes agglomérations mais pas celui des établissements situés en milieu rural. La couverture à 100% du territoire en très haut débit n’est prévue que pour 2022. En attendant, s’il est possible de mettre en œuvre des solutions techniques palliatives locales, leur coût doit cependant être pris en compte dans la balance économique du projet de convergence des SI.


L'auteur : 

Thierry Dumoulin est responsable du département Infrastructures numériques et services de proximité au CHU de Nantes. Ingénieur diplômé de l’École centrale de Nantes, où il intervient dans le cursus informatique, il a débuté sa carrière chez un grand constructeur avant de rejoindre les hôpitaux en 1997. Ses différentes missions (direction de projets, démarche qualité…) l’ont conduit à aborder un très large éventail de problématiques dans le domaine du numérique : aspects applicatifs, technologiques, méthodologiques et organisationnels, sécurité des SI.

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