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Le pire du pire existe

DSIH, LUNDI 02 DéCEMBRE 2013

Le management des entreprises est une discipline complexe, puisqu'elle englobe à la fois les finances, la stratégie, les systèmes d'information, et les ressources humaines. Dans chaque domaine le meilleur côtoie le pire : il n'est pas besoin de chercher longtemps (surtout avec Google) pour tomber sur des perles telles qu'Enron (scandale retentissant dans le domaine financier), Socrate (le système de réservation  de la SNCF et qui fut à sa mise en place une gabegie considérable).

 

 

Mais il semble tout de même que le domaine des ressources humaines remporte haut la main la palme de la bêtise. Chacun se souvient de la difficile période traversée par les salariés d'un opérateur télécom français : tiraillés entre des règles de fonctionnement contradictoires, un management de proximité atteint du syndrome du petit chef et une direction générale par celui de la dictature. De nombreux suicides avaient alors fait la une des journaux télévisés.

 

Nous venons cependant de franchir une nouvelle étape dans l'idiotie managériale avec le dernier système de notation des agents, mis en place par Marissa Meyer, la très récente patronne de Yahoo. Le principe est simple : les salariés se notent entre eux. Le résultat est immédiat : environ 600 personnes ont été licenciées du groupe ces dernières semaines, sur le modèle du maillon faible (les plus mauvais notés dégagent).

 

Bien entendu, ce n'est la faute à personne : Marissa Meyer se défend d'avoir mis en place un tel système, arguant que l'encadrement intermédiaire a mal compris ses directives. Le responsable RH fournit quant à lui des explications peu claires et controversées sur cette mesure, et l'encadrement intermédiaire juge ce système de notation « indispensable » tout en refusant d'en assumer la responsabilité de décision.

 

La mesure serait en fait judicieuse si les subordonnés pouvaient à leur tour noter leur hiérarchie (après tout, dans les écoles de commerces les élèves notent bien les professeurs). Et à condition également d'étendre la mesure à la Direction Générale : nul doute que le turn over grimperait en flèche dans cette équipe !