J’aimerais réagir à cet article qui, à mon sens, se trompe de cible.
J’ai beaucoup de respect pour Monsieur Cédric CARTAU – son ouvrage « La sécurité du système d’information des établissements de santé » est un de mes livres de chevet, je le recommande vivement car il m’a été très utile dans l’atteinte des prérequis du programme Hôpital Numérique – mais j’aurais aimé qu’il me contacte (beaucoup de DSI l’ont fait et je les en remercie, car si nous ne rédigeons pas et ne contrôlons pas ce que les journalistes écrivent dans leurs dépêches, nous apprécions le fait qu’elles créent le débat et l’échange) pour comprendre le contexte de l’article de TIC Santé, avant de rédiger un tel pamphlet (qui au demeurant est très bien écrit).
M. CARTAU a bien identifié le budget annuel de la DSIC du CH de TROYES. Ce budget peut sembler important mais il est très insuffisant au regard des besoins nécessaires pour faire vivre un parc informatique important avec plus de cinquante applications « métier », des centaines d’interfaces interlogiciels et SIH/Biomédical sur une dizaine de sites géographiques. C’est principalement la sécurité de tout ce SIH et la gestion de ses échanges sécurisés avec l’extérieur qui nous coûte le plus cher. Chaque médecin dispose néanmoins d’un PC portable ou d’un PC fixe personnel pour accéder au DPI dans son service de soins (il en est de même pour les cadres de santé, seules les IDE et les AS doivent partager des ordinateurs wifi installés sur des chariots dans les services de soins). Alors, quand un médecin, un cadre ou tout autre manager vient me voir en me disant qu’il veut accéder au SIH depuis son domicile ou lorsqu’il est en mobilité entre deux sites, j’apprécie énormément les possibilités apportées par le BYOD : on parle de 50 personnes par jour mais en réalité, mais nous avons plus de 250 personnes utilisant régulièrement à ce système. Très honnêtement nous n’avons pas les moyens de payer ces 250 matériels mobiles supplémentaires (et la demande ne cesse d’augmenter...). Bien évidemment, ce n’est pas aussi simple à mettre en œuvre que ce que l’article peut le laisser entendre et c’est la raison pour laquelle la société AXIANS a été citée lors de l’interview, car elle permet de faire les justes ajouts technologiques sur une configuration déjà mature, pour quelques centaines d’euros par mois en plus sur le budget d’exploitation informatique de l’établissement.
J’insiste également sur le fait que cette expérience BYOD est facilitée par le fait que le système d’information du CH de TROYES est accessible via métaframe (question qui m’a été posée concernant la copie de données médicales sur le matériel informatique de l’utilisateur et donc dans un environnement non sécurisé). Notre établissement présentera d’ailleurs son projet le 28 janvier prochain sa 3ème Journée Nationale de l'Accompagnement Hôpital Numérique à Paris.
A la veille de la mise en place des GHT, dans un contexte économique difficile et alors que de plus en plus de monde s’accorde à dire que les systèmes d’informations deviennent la colonne vertébrale du nouveau système de santé pour la lutte contre les déserts médicaux, il n’est nullement question de savonner la planche, mais au contraire de dire que l’innovation est possible (en l’occurrence le BYOD n’a rien d’innovant, mais il est peut-être aujourd’hui plus facilement accessible pour les hôpitaux de taille moyenne) et de créer du lien entre les établissements et les équipes informatiques pour essayer de tirer le meilleur des expériences de chacun. Bien évidemment, cela présuppose un socle technique et organisationnel dont on ne peut pas s’affranchir (cf. prérequis PHN).

Message posté par MDB (le mercredi 12 novembre 2014 à 15:49:25

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