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Le Healthcare Data Institute entreprend de vulgariser la technologie Blockchain

DSIH, @lehalle, MARDI 21 FéVRIER 2017

David Manset, président de la société Gnúbila qui édite des solutions de protection des données, anime le groupe de travail du Healthcare Data Institute(1) consacré à la technologie de la blockchain. Il fait le point sur ses travaux et annonce la préparation d’un POC (proof of concept) dans le cadre du projet européen My Health – My Data.  

Vous aviez annoncé la préparation d’un rapport pour le début de cette année. Où en êtes-vous ?

Après une première restitution de nos travaux, lors de la conférence annuelle du HDI, en novembre dernier, nous allons en effet publier une synthèse de nos discussions le mois prochain. Il s’agira d’un document d’une trentaine de pages, en anglais, qui vise à simplifier la compréhension de la blockchain, à illustrer son utilisation dans le domaine de la santé et à fournir un ensemble de recommandations pour ses éventuels utilisateurs. Une quinzaine d’entreprises participent à ce groupe, et nous nous sommes rendu compte que la compréhension de la technologie Blockchain était assez sommaire : il fallait donc la vulgariser.

Sur quels cas d’usage avez-vous travaillé ?

J’ai, pour ma part, présenté un cas d’usage qui correspond à un projet, My Health – My Data (2), porté par un consortium d’une quinzaine de partenaires – dont je fais partie – subventionnés dans le cadre du programme européen Horizon 2020. Nous expérimentons l’usage de la blockchain pour mettre en place un registre européen des transactions et traitements de données médicales sensibles. Un autre participant du groupe HDI, Mehdi Benchoufi, médecin chercheur en santé publique à l’AP-HP, a également fait part d’un cas d’usage concernant la problématique de la reproductibilité scientifique. Son expérimentation, en cours, consiste à utiliser la technologie Blockchain pour construire une traçabilité complète des données et des processus sur lesquels s’appuient les travaux scientifiques. Ses travaux permettraient d’avoir un registre infalsifiable qui démontre le modus operandi suivi pour arriver au résultat scientifique. Cela apporterait une garantie de transparence et de reproductibilité, alors qu’un grand débat sur la véracité des travaux de recherche se tient aujourd’hui, certains chercheurs faisant l’hypothèse que 60 à 80 % des travaux actuels ne sont pas scientifiquement fondés.

À quoi correspond l’expérimentation pour le projet My Health – My Data ?

Nous faisons le postulat que nous serons en mesure, lorsque le registre sera mis en place, de créer des contrats intelligents, des « smart contracts », sur la blockchain, qui permettront de mobiliser des cohortes de données à la demande des chercheurs. Et dans un futur proche nous pourrions développer des contrats nous permettant également d’appliquer les droits attachés au règlement européen de protection des données, à la suite, par exemple, de l’invocation d’un droit à l’oubli, d’un droit d’accès ou d’un droit à la portabilité. Le consortium compte un réseau d’hôpitaux(3) prêts à cette expérimentation dans le cadre d’une espèce de marché européen de données pour les études scientifiques. Après avoir entamé une transformation digitale, il leur paraît assez naturel, maintenant qu’ils sont conscients des mines d’or de données qu’ils ont accumulées, d’aller vers une valorisation de ces données sur un marché européen. Ils ont travaillé depuis une dizaine d’années à la création de bases de données anonymisées et sont disposés à se faire référencer sur cette plateforme transactionnelle. Nous préparons un POC (preuve de concept) pour le mois de septembre prochain : trois établissements seront connectés et procéderont à une première transaction, c’est-à-dire une première mobilisation de données pour une thématique spécifique.


(1) http://healthcaredatainstitute.com/ 

(2) http://www.myhealthmydata.eu/  

(3) L’hôpital pédiatrique Bambino Gesù à Rome, le Deutsche Herzzentrum de Berlin, le Queen Mary University of London et l’University College London.

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