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Pour en finir avec des systèmes d’information de santé archaïques

DSIH, LUNDI 30 JUILLET 2012

Dans un article du New England Journal of Medicine, daté du 14 juin dernier, le Dr Kenneth Mandl, professeur associé d’Harvard Medical School et directeur du laboratoire d’informatique médicale du Boston Children’s Hospital, invite les fournisseurs de SI de santé et de dossiers médicaux électroniques (EHR, Electronic Health Records) à mettre plus largement à profit les « technologies modernes » et à se concentrer sur ce qui distingue véritablement la santé des autres activités, comme l’aide à la décision.

Dans ce qui ressemble fort à un pamphlet à l’encontre de ces fournisseurs, il décrit une situation dans laquelle les éditeurs ont enfermé les utilisateurs dans une « ère pré Internet » et privé le monde de la santé de tout un potentiel d'innovation. A ses yeux, le fait que la médecine exige des SI complexes et spécialisés n’est rien moins qu’un mythe aujourd’hui largement admis. Un mythe qui continue de justifier les coûts de ces systèmes alors que l’innovation est au ralenti et que les médecins doivent utiliser des solutions dont les fonctionnalités accusent des décennies de retard comparées à ce dont ils disposent dans leur vie courante. Un mythe qui permet aux éditeurs de protéger leurs prix et leurs parts de marché alors que des outils agiles, et moins coûteux qu’un système contraint d’EHR, seraient tout aussi capables de gérer nombre d’activités complexes du monde de la santé.
Il regrette que l’esprit pionnier qui animait la mise en œuvre des premières solutions d’informatique médicale, dans les années soixante, ait disparu et que les fournisseurs se soient contentés d’adopter un modèle de business qui facilite leur contrôle des données, dans des silos, au lieu de les « libérer » et d’en promouvoir la fluidité. Résultat : le nombre d’éditeurs a proliféré – il en dénombre 700, aux Etats-Unis, qui offrent plus de 1750 solutions distinctes – et l’incapacité des systèmes à communiquer pèse sur les médecins comme sur les patients. Il appelle de ses vœux une transformation de ce marché, propre à favoriser les innovations de rupture et à déboucher sur une meilleure prise en charge de la population à un coût inférieur.
Pour Kenneth Mandl, la plupart des composants d’un système d’information de santé pourraient très bien être génériques. Il cite 4 exemples : le stockage sécurisé des données, la communication – entre professionnels et avec les patients -, les solutions documentaires et les outils d’analyse des données.
Ce qui reste spécifique, admet-il, tient aux protocoles médicaux et aux systèmes d’aide à la décision. Et encore, souligne-t-il, il existe sur le marché des logiciels génériques de gestion de règles… Mais, comme les systèmes d’EHR intègrent difficilement les applications tierces, chaque fournisseur doit créer sa propre gestion de règles !
Il estime de toute façon que le monde de la santé est aujourd’hui mûr pour une nouvelle approche, similaire à celle qu’ont pu adopter d’autres activités, qui consiste à mettre en œuvre des plates-formes qui supportent des applications web, les relations entre les acteurs et un stockage sécurisé dans le cloud. De nouvelles solutions, dont certaines commencent à être développées grâce aux financements de soutien accordés dans le cadre de l’American Recovery and Reinvestment Act de 2009, pourraient prochainement voir le jour, notamment si elles répondent bien aux objectifs d’ « utilisation significative » (meaningful use) assignés par le régulateur.
D.L.
Lire l’article de Kenneth Mandl  “Escaping the EHR Trap - The Future of Health IT”: http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMp1203102
Et en débattre :

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