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Communications unifiées et collaboratives : le chaînon manquant de la médecine connectée ?

Didier Lambert, Mitel France, MERCREDI 16 MAI 2018

Le monde de l’e-santé, et plus récemment de la m-santé (santé via mobile), connaissent un essor parfaitement inédit. L’Internet des objets, le big data, la télémédecine ou encore la 5G sont les moteurs d’une métamorphose qui s’annonce aussi profonde que durable. Les avancées sont souvent spectaculaires et laissent augurer des progrès notables pour la relation patient-médecin. 

Cependant, la route est longue et les obstacles nombreux. Dans les faits, la tentation est grande pour le professionnel hospitalier d’avoir recours à ses équipements personnels tels que son smartphone pour échanger -notamment- sur l’état de santé des patients. Il existe des solutions et outils destinés à faciliter la circulation des informations, mais ils sont souvent jugés trop complexes. Ajoutez à cela le manque d’interopérabilité entre les applications et les formats de données, et vous obtiendrez les principales raisons du blocage d’un marché qui ne demande qu’à être pleinement exploité. 

Des objets connectés au service du suivi intelligent des patients 

La frénésie de connexion n’a jamais été aussi grande. Au-delà des applications grand public trop souvent gadgets, la m-santé livre des applications très élaborées. Notons par exemple cette expérimentation menée par l’université de Swansea (Pays de Galles)(1), qui a développé un bandage embarquant des nano-capteurs connectés et délivrant en temps réel des informations sur le processus de guérison en 5G. Ce pansement intelligent permettra au médecin d’adapter le traitement au regard de l’évolution de l’état de santé du patient. Le Laboratoire de traitement de l’information médicale (Latim) de Brest a quant à lui mis au point FollowKnees(2), un projet de prothèse de genou connectée qui enverra grâce à des capteurs, des données de suivi du fonctionnement mécanique du genou, et détectera les signes d’infection en suivant la température et le pH. 

Le domaine de la cardiologie n’est pas en reste, le suivi intelligent des patients ayant déjà été adopté par de nombreux spécialistes. L’étude SOPHOC (Suivi Observationnel de Patients Hypertendus par les Objets Connectés)(3), menée depuis décembre 2015 par les spécialistes de maladie du cœur auprès de 50 patients hypertendus, constitue un exemple concret du type de bénéfices apportés par les dernières technologies dans le suivi des pathologies cardiaques. Les patients, dotés d’un tensiomètre et d’un bracelet traqueur d’activité envoient leurs données à une application mobile et sont reçus régulièrement en consultation. Résultats : un an après, 63 % des participants utilisaient encore le bracelet traqueur d’activité et 60 % l’appareil tensionnel connecté. Avec une progression dans le nombre de pas effectués par chacun et une baisse de la tension.  

Un marché dopé par l’innovation, mais freiné par l’interopérabilité et la sécurité 

Les objets connectés font florès et le récent accord pour le suivi à distance du diabète va encore enrichir la palette de périphériques et applications beyond the pill(« au-delà du médicament »).Sur le seul marché des objets connectés dédiés à la santé, l’institut Grandview Research anticipe 161 millions d’objets vendus dans le monde en 2020, pour un marché estimé à 410 milliards de dollars en 2020 selon Xerfi. De plus, un rapport du cabinet Mercom Capital Group montre que les investissements dans le secteur de l’e-santé ont atteint un niveau record au premier semestre 2017, atteignant 4 milliards de dollars, gage d’une croissance soutenue et du développement futur de nouvelles applications pour enrichir la médecine à distance et la télémédecine.

Outre le manque d’interopérabilité entre les applications déploré par les spécialistes, le défi pour les acteurs de l’e-santé réside également dans la sécurité liée à l’échange et le stockage des données, 70 % d’entre elles étant en effet utilisées et échangées en interne par les professionnels de santé selon une étude Accenture. 

Pour pallier ces deux écueils de taille, le recours à des solutions de communications unifiées et collaboratives permet de poser la pierre angulaire des échanges d’informations de l’écosystème. Une fois mises en œuvre, elles autorisent en effet à la fois la sécurisation des données via un chiffrement de bout en bout et une sécurisation du stockage dans le cas du recours au Cloud. Par ailleurs, en utilisant les API(4) tierces, ces solutions permettent de partager ces données pour favoriser une collaboration fluide et sans couture entre professionnels. L’intégration des périphériques et objets connectés au système d’information des lieux de soin (hôpitaux, EHPAD, maisons de santé, maintien à domicile, etc.) constitue le nouvel enjeu du secteur médical. Déployer une solution de communications unifiées on premiseou dans le cloud (UcaaS) permettra sans conteste d’anticiper la révolution massive des échanges et des communications à venir et d’établir les fondements d’une médecine connectée au service du bien-être du patient et de l’efficacité des équipes multidisciplinaires. 

La feuille de route est ambitieuse, et la multiplicité des acteurs concernés la rend sans aucun doute complexe. Mais l’évolution vers une médecine préventive est un enjeu à la fois sanitaire et financier qui ne saurait s’appréhender pleinement sans outils de communications unifiées et collaboratifs, ouverts et sécurisés.

L'auteur :
Didier Lambert,
Responsable Marketing Mitel France & Salvatore Giuliana,
Directeur des régions ENGIE Ineo Digital


(1) Source : http://www.bbc.com/news/uk-wales-south-west-wales-39590851

(2) Source : http://www.ouest-france.fr/bretagne/brest-29200/brest-une-prothese-de-genou-connectee-d-ici-cinq-ans-5227250

(3) Source : http://ufcv.org/resultats-preliminaires-de-la-1ere-etude-sur-lutilisation-des-objets-connectes-chez-les-patients-hypertendus/

(4) Une API (Application Programming Interface) consiste en un code qui permet à deux programmes logiciels de communiquer (Source : Lemagit.fr)

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