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La parole à… Olivier Ponties, DSI du GHT de la Haute-Garonne et du Tarn Ouest

DSIH, Propos recueillis par Pierre Derrouch, MARDI 03 JUILLET 2018

Pilier de la construction du nouvel hôpital Estaing au CHU de Clermont-Ferrand, chargé de la direction des systèmes d’information et de l’organisation à l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille de 2008 à 2013, de la coordination des achats NTIC pour le groupement UniHA, des finances et du système d’information des centres hospitaliers de Castres, Mazamet et Revel en 2014, du système d’information et de l’organisation au CHU de Toulouse à partir de 2016… Olivier Ponties ne doit en rien son arrivée à la tête de la DSI du GHT de la Haute-Garonne et du Tarn Ouest au hasard. Il nous livre ses réflexions sur ce poste exposé et exigeant.

DSIH : Qu’est-ce qui vous a motivé pour occuper la fonction de DSI de GHT ?

Olivier Ponties : Le GHT de la Haute-Garonne et du Tarn Ouest intègre un spectre très étendu d’établissements (Ehpad, CH, CHS, CHU) prenant en charge plus d’un million de personnes par an. Alors que le monde de la santé et celui des systèmes d’information sont en perpétuelle évolution, les enjeux sont juste formidables et les apports du numérique peuvent être décisifs, en participant directement tant à l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins qu’à celle de la qualité de vie au travail, au développement de la recherche et de l’innovation ainsi qu’à la maîtrise des enjeux financiers.
La richesse et la grande diversité des équipes médicales, soignantes, techniques et administratives qu’il faut accompagner dans un nouveau processus de digitalisation des métiers et des pratiques sont passionnantes.
L’ouverture de nos systèmes d’information à la médecine de ville et aux patients dans une dynamique régionale de même que la mise en œuvre des technologies Big Data et de l’intelligence artificielle permettent d’envisager de nouveaux horizons extraordinaires.
Parallèlement, le maintien en conditions opérationnelles de nos systèmes d’information très complexes – qui servent 24 h/24 à des milliers de professionnels – reste un défi continuel.
C’est cette concomitance des enjeux technologiques et humanistes qui, au quotidien, me motive.

Quelles sont vos priorités à la tête de la DSI ?

Il nous faut répondre aux besoins des équipes médicales et soignantes, améliorer la qualité et la sécurité des soins prodigués au patient tout comme la qualité de vie au travail, mieux contribuer aux activités de recherche et garantir aux équipes médicales la bonne prise en charge par l’assurance maladie et les mutuelles de leurs activités. Autre priorité : garantir le bon fonctionnement et la pérennité du système d’information dans un cadre financier et social maîtrisé.

Quelle est votre vision de la DSI à cinq ans et à dix ans ?

Dans les prochaines années, les hôpitaux devront terminer la digitalisation des processus de soins, notamment en finalisant la mise en place de leurs DPI. Avec la constitution des GHT et des groupements régionaux d’appui au développement de l’e-santé, la construction d’une réponse opérationnelle et cohérente sera un réel défi pour tous les acteurs. La capacité des DSI à se montrer capables de mobiliser, de coordonner et de fédérer sera déterminante. La bonne organisation (Itil), la sécurisation (ISO 27000) et l’ouverture à l’extérieur de nos systèmes d’information vont rester des axes de travail primordiaux avec la prise en compte des nouvelles technologies de traitement des données massives (Big Data) et de l’intelligence artificielle.

À plus long terme, les TIC vont pénétrer encore plus profondément la médecine et les pratiques médicales ; les services biomédicaux et informatiques seront certainement amenés à évoluer à l’instar des équipements biomédicaux, des objets connectés et des systèmes d’information. Les données massives, l’intelligence artificielle et le séquençage systématique de l’ADN seront venus révolutionner les pratiques médicales et la prise en charge des patients. La prévention et le vieillissement seront certainement devenus les deux principaux sujets de santé. Une fois de plus, les DSI devront anticiper et accompagner tant les établissements que les professionnels de santé dans ce nouveau monde, dont le développement sera beaucoup plus rapide et impactant que celui de la révolution industrielle…

Quels obstacles organisationnels, techniques, humains, financiers, etc. pour mener à bien vos projets avez-vous identifiés ?

Les obstacles sont très différents d’un établissement à l’autre et d’un GHT à l’autre, en fonction de leur taille et de la composition de leurs membres. Notre GHT compte sept structures de soins dont l’établissement support est un CHU qui représente un poids énorme (plus de 80 % des recettes du GHT) et comprend un important établissement spécialisé en psychiatrie. La première difficulté que nous rencontrons, en matière de SI, est la nécessité de devenir rapidement hébergeur de données de santé ou de faire héberger notre SI chez un hébergeur agréé. Mettre en place l’infogérance d’un parc de 10 000 PC, 1 200 serveurs, 250 applications et 220 interfaces n’aurait pas de sens économiquement. Aussi, à l’instar de bon nombre de CHU, nous sommes en train de nous organiser pour obtenir les certifications ISO 27000 et ISO 20000 (Itil) afin de pouvoir devenir hébergeur agréé, uniquement pour que le SI du GHT puisse prendre en charge les données des établissements membres. Autre point délicat, la convergence des DPI. Si à moyen ou à long terme tous les esprits s’accordent pour reconnaître la nécessité d’un seul et même DPI, il est beaucoup plus difficile de l’envisager dans un délai de deux à trois ans, surtout si sont ainsi remis en cause des dynamiques ou des investissements récents. Les années difficiles que connaissent les établissements publics de santé sur le plan économique ne viennent pas beaucoup aider la bonne volonté des professionnels de santé.

Sur quels leviers financiers pouvez-vous vous appuyer ?

Dans le cadre de la démarche de simplification lancée par l’État, et notamment avec la refonte de la T2A, il serait bienvenu que nous puissions travailler à l’allégement des tâches administratives qui pèsent sur les hôpitaux, et notamment le corps médical, afin de redonner du temps aux soins et plus de sens au GHT. Un chantier devrait être ouvert sur le plan national afin de remettre à plat les systèmes de recueil d’informations qui se sont accumulés au fil du temps sans tenir compte des possibilités maintenant offertes par la technologie et les avancées telles que la mise en place du NIR.
Une autre suggestion moins populaire consisterait à n’aider financièrement que les établissements d’un GHT qui auraient mutualisé leurs budgets informatiques…

Qu’attendez-vous des fournisseurs pour réussir la convergence des SIH ?

Les solutions administratives (gestion des patients, gestion économique et financière, gestion des ressources humaines) sont à plus de 80 % concentrées autour de trois éditeurs historiques qui ne les font évoluer qu’au fil des exigences réglementaires. Avec la mise en place des GHT, des évolutions significatives devront être réalisées notamment pour intégrer la dimension multi-entité juridique. Ils seraient tous bien inspirés d’évoluer vers des solutions Full Web prenant en compte l’ensemble des processus de gestion et non plus la simple production de titres, de mandats et de bulletins de salaire comme cela reste malheureusement bien souvent le cas.

En un mot, comment définiriez-vous la fonction de DSI de GHT ?

Il est certain que le SI sera la pierre angulaire de la prise en charge coordonnée des patients au sein des GHT. Parallèlement, la digitalisation des processus, des métiers et de la relation patient viendront totalement modifier les pratiques. Dans ce contexte, il me semble évident que le DSI de GHT devra être plus proche du trio « directeur général, président de CME et coordination des soins », afin de proposer et d’élaborer des services numériques répondant à leurs nouvelles attentes.

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