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AFIB 2019 : l’intelligence artificielle au cœur de l’ingénierie médicale

DSIH, Damien Dubois, LUNDI 09 SEPTEMBRE 2019

Les 24es Journées d’ingénierie médicale de l’AFIB, du 2 au 4 octobre 2019 à Reims, seront consacrées à l’intelligence artificielle et à ses impacts sur les équipements, la technique et les organisations. À cette occasion, DSIH a interviewé Geneviève Gaschard, présidente de l’AFIB et porte-parole de ces Journées.

Quels sont les principaux enjeux de l’intelligence artificielle (IA) aujourd’hui ?

Dans le biomédical, l’IA concerne d’abord l’image avec des start-up qui travaillent, par exemple, sur des modèles de dépistage automatique du cancer du sein en récupérant de nombreuses images. Mais, en Europe, nous sommes face à une réglementation très protectrice, contrairement aux États-Unis ou à la Chine qui ont donc une force de frappe bien supérieure pour enrichir les IA, notamment en faisant appel aux Gafam. Cet écosystème est en train de se développer en France, mais, attention, il ne s’agit que d’outils à envisager dans un environnement donné, avec une unité épidémiologique. Les populations américaines et asiatiques n’ont pas la même génomique… L’IA va aussi changer les pratiques professionnelles au quotidien.

De quelle manière ?

Elle bouscule les pratiques médicales, notamment des radiologues. L’IA va les décharger du screening de premier niveau pour leur permettre de se concentrer sur les procédures à plus forte valeur ajoutée d’expertise en images. Certaines analyses de routine sont ou seront réalisées automatiquement. Pour affiner leur diagnostic, les professionnels complètent les données fournies par l’IA et leur interprétation de l’image en se basant sur l’état psychologique et physiologique du patient. Ils pourront ainsi examiner davantage de patients concernés par leur spécialité en étant recentrés sur leur expertise. Une réorganisation à la fois médicale et paramédicale va donc en résulter.

Autre exemple, avec les premiers PACS, le monde de l’image s’est interconnecté avec l’informatique. De fait, nous avons commencé à travailler ensemble, et de nouveaux métiers ont émergé, comme celui d’administrateur de systèmes. Là où nous avions auparavant de l’informatique pure, nos équipes peuvent désormais s’appuyer sur un personnel qui se consacre aux activités médicales, paramédicales, de recherche… Du côté biomédical, nous avons intégré des techniciens biomédicaux dédiés au bloc opératoire pour bien interfacer les équipements des manipulateurs dans les blocs.

Dans une logique de complémentarité de compétences, chacun apporte sa valeur ajoutée pour que le système soit robuste et pour couvrir la demande du point de vue médico-économique.

Et concernant l’impact technique ?

Nous entrons là dans notre cœur de métier. La principale évolution technique consiste à nous placer dans une dynamique d’amélioration continue, là où nous devions nous contenter de mises à jour ponctuelles et régulières. Nous sommes également face à des questions stratégiques : reste-t-on hébergeur ou fait-on confiance à un partenaire extérieur ? La gestion des flux de données sera le volet le plus complexe à gérer et nécessitera de réinventer le modèle économique.
D’ailleurs, la technique, comme souvent, est en avance sur la réglementation, qui, dans un élan louable et légitime, veut protéger la donnée, mais complexifie également les usages. Nous œuvrons avec les autorités pour une complémentarité de compétences dans une logique transversale, informatique, biomédicale, financière et médicale.

Plus d’informations ici sur les 24es Journées d’ingénierie biomédicale

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