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Le patient, cobaye dans le cadre du suivi des dispositifs médicaux ?

DSIH, Damien Dubois, MARDI 17 SEPTEMBRE 2019

Les 7es Rencontres du progrès médical du Snitem,qui se sont tenues la semaine dernière, étaient centrées sur l’innovation pour tous. Elles ont été l’occasion de s’interroger sur le positionnement du patient dans le développement des dispositifs médicaux.

Le patient est par nature au cœur des préoccupations des professionnels de santé. « La médecine s’est d’abord construite sur des convictions propres à certains médecins ou chirurgiens. Aujourd’hui, la personne a pris le pas sur la médecine fondée sur les preuves, explique le Pr Jacques Belghiti, de l’Académie nationale de médecine. Le patient, dans le cadre du dispositif médical, n’est plus un cobaye. »

Un constat partagé par les représentants de patients. « Pendant longtemps, le patient a été la dernière roue du carrosse. Il était maintenu dans l’ignorance. Des progrès incontestables ont été accomplis, comme en témoignent les dossiers transmis à la Commission, ajoute Pascal Sellier, représentant d’une association de patients à la Cnedimts[1]. Les industriels ont intégré les conséquences de leurs solutions pour les patients sur la douleur et sur leur vie quotidienne personnelle ou professionnelle. »

Si le patient n’est plus un cobaye dans le cadre du développement de dispositifs médicaux, il semble en aller autrement dans le cadre de leur suivi et de la gestion des Big Data, qui échappent aux premiers concernés. « Nous avons des garanties en termes de sécurité ou d’augmentation des exigences, mais le suivi demeure insuffisant. Nous n’avons pas assez de registres », explique le Pr Belghiti.

La robotisation en chirurgie permet la standardisation des interventions. « La France a le plus grand nombre de robots dans ses blocs, mais aucun suivi collectif des patients », note-t-il. Le patient ne serait presque pas assez cobaye et pas assez impliqué en la matière. Pour le Pr Guy Vallancien, chirurgien urologue, les patients sont bien suivis individuellement, avec des données propres, mais le manque de données transversales est flagrant :« Je rêve que les patients puissent intégrer les informations les concernant dans un smartphone pour nous permettre de traiter leurs données en masse. »

Pour tous, la récolte de données dans un registre médical, sécurisé, ne pose pas de problème. « Je n’ai jamais vu de patients refuser un protocole quand il a été bien expliqué. Ils savent qu’ils participent à l’évolution des techniques au-delà d’eux-mêmes », ajoute le Pr Vallancien. L’utilisation à des fins commerciales semble être une ligne de démarcation extrêmement claire. La problématique centrale de l’implication des patients serait donc de les mobiliser dans le développement d’un réservoir commun de l’ensemble des expériences et des données. Le Health Data Hub pourrait ainsi répondre aux attentes exprimées par les différents acteurs de la santé en termes de dispositifs médicaux.


[1] Commission nationale d’évaluation des dispositifs médicaux et des technologies de santé, Haute Autorité de santé.

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