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COVID-19 : les SI face à la crise

DSIH, Propos recueillis par Pierre Derrouch, JEUDI 26 MARS 2020

L’épidémie de coronavirus bouleverse les organisations, médicales et soignantes en premier lieu. Les systèmes d’information doivent s’adapter pour maintenir en plein ordre de marche la machine hospitalière. Patrick Majka, responsable du système d’information au sein de la Direction du numérique et du marketing du centre hospitalier d’Arras, raconte ses premiers pas de RSI dans cette crise inédite.

Comment la DSI est-elle entrée dans la crise du Covid-19 ?

D’une manière générale, tout est chamboulé dans les établissements, à tous les niveaux et comme nous ne l’avions jamais vu auparavant. Nous nous étions préparés en 2009 au H1N1, mais finalement nous n’avions pas eu à subir de crise sanitaire.En revanche, les manifestations concrètes de la crise du Covid-19 dans notre quotidien ont été assez soudaines.

Quelles ont été les premières mesures adoptées par le centre hospitalier d’Arras concernant les systèmes d’information ?

Il a fallu tout d’abord accompagner en amont, début mars, en parallèle de nos tâches quotidiennes, le réaménagement de secteurs de médecine et d’hôpital de jour pour créer une unité ambulatoire Covid-19.
Puis, dans la semaine du 9 au 13 mars, les déprogrammations des blocs opératoires et des consultations ont été organisées. Ensuite, les choses se sont accélérées, avec la création d’une unité d’hospitalisation et d’une unité de réanimation dédiées au Covid-19.
Parallèlement, nous avons renforcé la salle de régulation du Samu 62 qui a enregistré un doublement des appels le vendredi 13, au lendemain de l’annonce présidentielle de la fermeture des écoles.
En prévision d’une nouvelle montée en charge durant le week-end des 14 et 15 mars, nous avons doublé la capacité de régulation en postes, casques et téléphones en faisant jouer notre réseau. Le Conseil départemental du Pas-de-Calais nous a dépannés en prêtant des postes que nous avons pu récupérer rapidement, en moins d’une heure.

Cette reconfiguration de la régulation a-t-elle été suffisante pour affronter le début de la crise ?

Oui, elle nous a permis de ne pas être débordés grâce à un aiguillage des appels « Covid » ou « Autres urgences ». Tous les appels pour des urgences vitales ont pu être pris en charge dans des délais compatibles avec la médecine d’urgence.
Nos prestataires et notre opérateur de téléphonie ont aussi réussi à se mobiliser dans un délai inhabituel très court pour intégrer et paramétrer les nouveaux postes téléphoniques.

Samedi 14, le soir, Édouard Philippe annonce la fermeture des bars, restaurants, etc. Quelles sont alors les conséquences pour le SI ?

Jusque-là, nous avions mené de front l’adaptation des fonctions SI à la réorganisation des services critiques et les activités courantes. Mais, dès le lundi 16 mars, nous avons dû geler ces activités (mises à jour de logiciels, planification de tests, de formations, etc.) pour nous consacrer au déploiement du télétravail pour les agents éligibles et les enseignants de l’Institut de formation en soins infirmiers ainsi qu’à l’inventaire des ressources informatiques mobilisables pour le télétravail ou les services de soins.
Par anticipation, nous avons renforcé en 48 heures nos capacités de connexion externe de type VPN pour le télétravail.Tout cela a été mené au sein de la DSI par une équipe dédiée de quatre personnes.
Nous avons également reconfiguré les systèmes d’information pour permettre l’identification des services réorganisés pour le Covid-19 de même que la gestion des repas, des transports internes, etc.

Combien d’agents sont passés en télétravail ?

Le télétravail s’est initialement appliqué à une cinquantaine de personnes, mais nous allons continuer à augmenter le volume du personnel concerné.

Êtes-vous sujets à des opérations de cybermalveillance ?

À ce jour, nous n’avons pas observé d’actes de cybermalveillance. Mais les conséquences d’une cyberattaque pourraient être très graves en situation de crise.
Nous renforçons donc notre vigilance, notamment pour le télétravail. C’est la raison pour laquelle nous montons progressivement en charge sur cette activité afin de pouvoir sécuriser les outils mobiles de l’hôpital qui sont redéployés.

Disposez-vous de toutes vos ressources à la DSI ?

Pour respecter les consignes de confinement et couvrir l’éventuelle absence de personnels de la DSI qui tomberaient malades, et conformément aux effectifs minimaux définis dans le cadre du plan de continuité des activités de l’hôpital, 30 % des équipes du SI sont présentes sur le site pour assurer dans le temps les missions de la DSI.
À ce stade, elles se consacrent prioritairement aux supports utilisateurs. Et, maintenant que nous avons géré la réorganisation des services de soins critiques, nous travaillons au déploiement de la télémédecine pour pallier les consultations déprogrammées.
Nous essayons d’être en position de tenir le plus longtemps possible avec les outils numériques qui apparaissent comme une solution incontournable dans cette situation de crise.

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