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Télémédecine : capitaliser aujourd’hui pour repenser la santé de demain

WELIOM, MARDI 07 AVRIL 2020

Au cours de l’année 2019, seuls 6 % des Français avaient déjà réalisé une téléconsultation tandis que 13 % des médecins l’avaient expérimentée. On estimait à environ 2 200 le nombre de consultations par semaine. Frileux, les patients avançaient une déshumanisation de la relation et les médecins invoquaient la nécessité de palper, de toucher le patient. Les politiques réfléchissaient à l’encadrement de cette pratique et les start-up rivalisaient d’innovations pour séduire les utilisateurs. Il y a quelques semaines, un virus est venu changer la donne. Entre le 23 et le 29 mars 2020, soit en une semaine, 486 369 actes ont été facturés par les médecins, selon la Cnam*. Facilitée, recensée, encouragée, la téléconsultation a fortement évolué et, avec elle, la conception que l’on en avait. Entretien avec Didier Alain, Expert WELIOM. 

Comment expliquer cette modification radicale de nos comportements ?

Didier Alain : La crise actuelle provoque une rupture majeure de nos habitudes. Elle nous contraint à nous adapter individuellement et collectivement, de façon brutale, voire en outrepassant certains freins qui, en temps normal, constituent de véritables barrières. Par exemple, nos craintes liées à la confidentialité des échanges et des données ont été balayées. La question de la rémunération des actes à distance est devenue secondaire. Le changement a été rapide : en quelques jours, un nouveau rapport à ces questions et de nouveaux comportements ont été adoptés.

L’éloignement lié au confinement nous a, en quelque sorte, obligés à repenser l’accès au soin ?

Oui, et c’est là tout le paradoxe de l’adaptation : il s’agit de changer, mais pour se préserver. Autrement dit, changer en restant soi-même. En matière de santé, le souci collectif est bien entendu celui de préserver la capacité à prendre en charge les patients. Malgré l’éloignement lié au confinement, les professionnels se sont mobilisés pour assurer la continuité des soins.

Comment analysez-vous les grands leviers du changement ?

Tout d’abord, par ce que j’appellerai le « boost de l’innovation ». La mobilisation des start-up du secteur est l’exemple le plus évident. Les acteurs institutionnels ne sont pas en reste. La sémantique du ministère des Solidarités et de la Santé sur la télésanté a radicalement évolué. Parmi les grands acteurs publics impliqués dans la télésanté, l’ANS s’est évidemment fortement mobilisée, de même que l’Anap qui a fait appel à son réseau d’experts et à son réseau de proximité en adaptant et en boostant son dispositif d’entraide. N’oublions pas les établissements et les professionnels de santé qui ont innové, notamment dans leur capacité à coopérer et à s’entraider par tous les moyens disponibles.
Ensuite, par la « confiance ». La pandémie nous contraint, aujourd’hui, à nous faire confiance. Deux exemples en télésanté sont particulièrement frappants : la possibilité de l’autodéclaration par les industriels de la conformité de leur solution aux règles établies précédemment et l’assouplissement des règles de facturation des téléconsultations par l’assurance maladie.
Enfin, par la « maturation accélérée de la gestion des risques ». Le risque sanitaire a, selon moi, retrouvé sa place normale. Il est bien plus grave de subir (ou de provoquer) une rupture de prise en charge que de subir (ou de provoquer) une rupture de confidentialité.

Innovation, confiance, gestion des risques… : allons-nous entrer dans une nouvelle ère où la télémédecine et l’e-santé occuperont un plus large espace ?

Le bilan pandémique sera de toute évidence lourd et dramatique. Mais, à n’en pas douter, à l’issue de cette crise, la télésanté aura trouvé un nouvel équilibre. Il est en effet improbable que les acteurs reviennent intégralement à leurs comportements précédents. Toutefois, nous devons, dès à présent, observer, nous poser les questions clés et capitaliser pour bénéficier, demain, d’une offre de télésanté optimale et vertueuse.

https://www.ameli.fr/espace-presse/communiques-et-dossiers-de-presse/les-derniers-communiques-de-la-caisse-nationale/detail-d-un-communique/3881.php

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