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L’intelligence artificielle en santé a-t-elle déjà révolutionné la recherche clinique ?

DSIH, VENDREDI 23 SEPTEMBRE 2022

La quatrième édition de l’événement Pharma HealthTech, organisé par Pharmaceutiques et TechToMed, était consacrée ce 21 septembre à l’intelligence artificielle. Lors de plusieurs tables rondes, les invités ont détaillé son potentiel, en rappelant qu’il reste à trouver le modèle d’affaires qui permettra de construire une stratégie économique performante et compétitive de la donnée.

Objet de science-fiction il y a 20 ans, l’intelligence artificielle est aujourd’hui une réalité dans le monde de la santé. Pour preuve, quatre opérateurs utilisant cette technologie en ont détaillé les résultats en termes de qualité et d’efficience, lors d’une table ronde animée par Hervé Réquillart, directeur de la rédaction de Pharmaceutiques.

Alban Arrault, directeur du programme Data et Intelligence artificielle chez Servier, a expliqué que des équipes du groupe travaillent depuis une dizaine d’années sur les sujets des algorithmes et de la data science comme aide au développement des médicaments du futur. Pour lui, l’IA permet, entre autres, de définir si les molécules étudiées pourraient être industrialisables. Pour autant, a-t-il assuré, « l’IA ne va pas se substituer au chercheur : elle est un assistant pour améliorer la qualité du produit ».

En termes d’imagerie ou de parcours du patient, « l’IA a un potentiel manifeste », a confirmé François-Henri Boissel, cofondateur & CEO de Novadiscovery, qui a construit la première plateforme de simulation d’essais cliniques appelée « Jinkō », pour prédire l’efficacité des médicaments et optimiser le développement des essais cliniques. Cependant,« elle est confrontée à des limites infranchissables », a-t-il déclaré. Parmi ces limites, le fait que « ce qui est contenu dans les bases de données n’est qu’une photo à l’instant t d’un patient ; les modèles d’IA ne peuvent pas capturer une dynamique dans le temps, car les données passées ne sont pas toujours un indicateur de ce qui va advenir ».

« Restons humbles devant la nature, a poursuivi Amaury Martin, directeur adjoint de l’institut Curie et directeur de Carnot Curie Cancer. Nous sommes actuellement dans la médecine algorithmique, mais pas encore dans l’intelligence artificielle, avec des modèles qui évoluent dans le temps. » Et de citer l’exemple du Covid-19, où les différentes mutations étaient impossibles à prévoir.

Les différents intervenants ont évoqué les aspects financiers de cette révolution technique. Ayala Bliah, CEO de Sivan Innovation, a rappelé que « l’intelligence artificielle n’est pas prise en charge par l’Assurance maladie ». Pour être remboursée, il est en effet nécessaire que l’algorithme testé dans une étude clinique reste figé. « Or, s’il faut figer les algorithmes, ce n’est pas de l’IA », a-t-elle affirmé.

Sivan Innovation a développé Moovcare, un dispositif de thérapie digitale indiqué dans le suivi des patients atteints d’un cancer du poumon. Il s’agit de la première solution de thérapie digitale remboursée par l’Assurance maladie, à hauteur de 1 000 euros par semestre et par patient, a-t-elle rappelé. Alors que les dispositifs de télésurveillance doivent entrer dans le droit commun en juillet 2023,(1) « il y a encore énormément de flou » sur le modèle économique de ces solutions, a regretté Ayala Bliah. Le tarif de 600 euros par an et par patient serait évoqué. Or, a-t-elle conclu, « si les tarifs proposés ne sont pas à la hauteur, il y aura un problème, car les autorités exigent énormément de preuves cliniques, ce qui représente beaucoup de temps et d’argent » pour développer une solution.

(1) https://www.dsih.fr/article/4840/l-entree-de-la-telesurveillance-dans-le-droit-commun-reportee-a-juillet-2023.html 

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