Vous êtes dans : Accueil > Tribunes libres >

Les TIC à l’heure de l’écriture inclusive

Cédric Cartau , MARDI 06 AVRIL 2021

Oyez, oyez, braves lectrices et lecteurs, si vous faites partie de ces gens choqués par le fait qu’à l’aube du xxie siècle, dans une phrase telle que : « Les logiciels et les applications qui ont été installés sur les serveurs », le masculin l’emporte sur le féminin dans l’accord du participe passé, n’en jetez plus, nous allons remettre une bonne fois pour toutes les pendules à l’heure[1]. Qu’on se le dise !  

Dans l’ancien monde, on avait ça :
« Les nombreux logiciels et les nombreuses applications qui ont été installés sur le serveur sont maintenant hébergés dans la salle blanche du site principal de l’hôpital et ils nécessitent désormais une plus grosse quantité de RAM. »
Mas ça, c’était avant.

Alors déjà, le début de la phrase ne va pas du tout et doit être changé :
« Les nombreux logiciels et les nombreuses applications qui ont été installés »
doit devenir :
« Les nombreux logiciels et les nombreuses applications qui ont été installé·e·s »
voire placer le féminin en premier :
« Les nombreuses applications et les nombreux logiciels qui ont été installé·e·s »
mais dans ce cas l’accord est admis avec le dernier terme – sans être obligatoire –, ce qui donne :
« Les nombreuses applications et les nombreux logiciels qui ont été installés »
(mais personnellement je conseillerai de garder la forme « installé·e·s »).

Ensuite, rien ne vous garantit que « logiciels » et « applications » ne s’estiment pas genrés, binaires ou non binaires, voire même neutres. Respectivement au masculin, féminin, neutre et inclusif, « nombreux » donne « nombreux », « nombreuses », « nombreus » et « nombreuxes ». Il est admis de factoriser l’adjectif par souci de simplification, et la phrase devient :
« Les nombreux (nombreuses) (nombreus) (nombreuxes) applications et logiciels qui ont été installé·e·s. »

La même règle doit être appliquée à « serveurs », qui peuvent être non genrés :
« le serveur » doit donc devenir :
« le·la (lo/lu/li/lia) serveur·se ».

Bien entendu, idem pour « site principal ». Pour « hôpital » la question genré/binaire est selon nos sources objet d’une commission administrative dont les budgets sont en cours de votation, et pour « salle blanche » nul besoin d’expliquer pourquoi l’adjectif de couleur doit impérativement être proscrit au profit de la référence nanométrique de la longueur d’onde. Enfin, le qualificatif « grosse » pour RAM doit être éliminé car aucune référence à une apparence physique réelle ou supposée ne doit apparaître.

La phrase juste, correcte, devient donc :

« Les nombreux (nombreuses) (nombreus) (nombreuxes) applications et logiciels qui ont été installé·e·s sur le·la (lo/lu/li/lia) serveur·se sont maintenant hébergé·e·s dans le·la (lo/lu/li/lia) salle de longueur d’onde non comprise entre 380 et 600 nm du·de la (lo/lu/li/lia) site principal·e de le·la (lo/lu/li/lia) hôpital et il.elle·s (eus) (euxes/elleux) nécessitent désormais un·une (um/o) (unae) plus important·e quantité de RAM. »

Pour ce qui est de la notion de longueur d’onde, qui représente une grandeur physique et reste pour l’instant non soumise à l’écriture inclusive, nous sommes en attente des instructions de la Commission internationale des poids et mesures – cette dernière étant elle-même en travaux pour sa propre dénomination genrée/non genrée.

Enfin, pour ce qui est de la question du site, la phrase ne mentionne pas explicitement l’existence d’un site secondaire. Dans ce cas, il faudra penser à renommer principal/secondaire en « site A » et « site 1 » pour éviter tout propos discriminatoire.

Je vous prierai de respecter désormais ces nouvelles règles orthographiques.


[1] Les règles peuvent être consultées sur : https://association360.ch/trans/petit-dico-de-francais-neutre-inclusif-version-2016-archive/ 

#tic#logiciels#neutre