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Vu à Santexpo – Projets numériques : un risque de surchauffe ?

DSIH, MARDI 30 MAI 2023

Plusieurs responsables informatiques d’établissements de santé ont témoigné de leur expérience concernant la mise en œuvre de la feuille de route Ma Santé 2022 et du Ségur du numérique, lors d’une table-ronde organisée le 25 mai à l’occasion du salon Santexpo.

La feuille de route Ma Santé 2022, puis le Ségur du numérique en Santé, se sont traduits par un développement massif et rapide des usages numériques. « Aujourd’hui, 90% des Français ont un espace santé et l’hôpital représente 34% des documents qui alimentent Mon Espace Santé », a souligné Clara Morlière, directrice de projets TF Hôpital Ségur numérique à la Délégation ministérielle au numérique en santé, en introduction de la table ronde.

« Ma Santé 2022 a été un cadre pour repenser le fonctionnement des DSI et repenser les usages : nous avons remis le numérique au cœur des enjeux du soin, avec des réussites telles que le DMP ou l’INS », a noté Nicolas Delaporte, directeur des services numériques au CHU de Toulouse.

Cette transformation n’a pas été un long fleuve tranquille. « Le Covid a tout arrêté », a rappelé Nicolas Delaporte. « Cela nous a permis de consolider les chantiers, ce qui était important aussi », a temporisé Jean-Christophe Calvo, chef de département territorial de la transformation numérique et de l’ingénierie biomédicale au CHRU de Nancy. Pour Philippe Leca, directeur des services numériques à l’AP-HM, « cette période a permis de faire comprendre que le numérique doit être au cœur des transformations. Les enjeux à venir vont être le développement des usages et la valorisation du travail réalisé ».

Les trois intervenants de la table-ronde ont fait part des difficultés auxquelles ils pourraient faire face dans les années à venir, alors que la Feuille de route du numérique en santé 2023-2027 a été présentée le 17 mai. Le principal est celui d’une surchauffe. « La transformation numérique a créé énormément d’envies et de désirs, et énormément d’acteurs sont très impliqués. Mais si votre établissement n’était déjà pas en avance en 2018, vous risquez de vous retrouver aujourd’hui avec un empilement de projets et une grosse difficulté à les prioriser », a mis en garde Philippe Leca. Avant de rappeler que rares sont les GHT à avoir achevé la convergence de leur SI, par exemple… C’est d’autant plus un problème que certains projets sont plus compliqués qu’ils n’y paraissent, comme la qualification de l’INS.

« La peinture n’était pas tout à fait sèche sur la convergence, ne l’est pas non plus sur le Ségur du numérique, mais nous continuons à accélérer », a acquiescé Nicolas Delaporte. 

Répondre à cette accélération ne sera pas aisé. « Attirer des compétences informatiques ou organisationnelles dans les hôpitaux est un des plus gros points bloquants que nous risquons d’avoir dans le futur », craint Philippe Leca. Et pour Jean-Christophe Calvo, « il faut aussi s’interroger sur la façon de pérenniser ce mouvement avec des éditeurs qui ont été chamboulés par le Ségur et à qui on demande encore aller plus loin ». Il faut laisser le temps aux projets d’arriver à maturité, a-t-il conclu.

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