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LE CATEL, un incubateur pour « penser en dehors de la boîte »

Propos recueillis par Delphine Guilgot, JEUDI 04 AVRIL 2024

Il a porté une délégation francophone de plus de 40 acteurs de santé au congrès HIMSS 2024 et atterri juste de 8 jours riches d’échanges et de découvertes. Stéphan Haaz, directeur général du CATEL, qui se présente comme un incubateur de Communautés e-santé, revient pour DSIH sur les enseignements de ce déplacement au cœur de la e-health américaine !

Quel premier bilan dressez-vous du voyage d’étude que vous venez d’organiser à HIMSS 24 ?

Il est très positif, autant sur le fond que sur la dynamique vécue par le groupe constitué. C’est cette approche pluridisciplinaire particulièrement riche qui nous porte dans ce type de voyage d'étude. Mêler médecins hospitaliers et de ville, ingénieurs, DSI, pharmaciens, mais aussi des institutionnels comme des représentants des GRADeS, des industriels ou encore des centrales d’achats. Cela permet de croiser les regards, économiques, métiers ou de santé publique. Le programme était riche, avec un spectre varié, allant de la pharmacie hospitalière aux apports de l’Intelligence Artificielle, en passant par la responsabilité populationnelle ou encore le virtual care. Sur chaque sujet, les participants ont montré leur volonté d'apprendre les uns des autres.

Quels ont été les intérêts à coupler la visite de HIMSS avec un passage à Atlanta ?

Le temps passé à Atlanta s’est partagé entre les visites privées du Emory Winship Cancer Institute et du 11-Ten Innovation Lab et des key-notes de nos experts. Les premières nous ont montré à voir la déclinaison concrète et opérationnelle de la mise en œuvre d’une stratégie de transformation globale. Comment manager l’innovation et intégrer en même temps l'innovation dans le management ? D’un côté, avec le 11-Ten Innovation Lab, on a vu la puissance qui peut émerger d’un écosystème ouvert. CATEL porte en lui le même ADN, c’est enthousiasmant ! De l’autre côté, les échanges avec l’équipe de direction du Emory Winship Cancer nous ont montré comment l’établissement se sert aujourd'hui de son projet pour communiquer sur sa réussite. On ne voit pas ce type de démarche en France ; c’est tout l'intérêt de nous faire penser en dehors de la boîte ! Quant aux conférences autour de l’IA générative ou du virtual care, elles annonçaient la couleur de ce qui allait suivre et ont permis de nous y préparer.

Justement, quelles tendances retenez-vous ?

Evidemment, il est impossible de passer sur la hype de l’IA générative mais je ne veux pas m’arrêter à cela. Il y a également un sujet autour des parcours intégrés avec des retours d’expériences matures sur l’intérêt d’associer le virtual care à une prise en charge présentielle. Au-delà de l'opposition que l'on peut encore entendre en France entre télémédecine et médecine, la vision américaine nous pousse à réfléchir à une logique d'orientation de parcours. Et ça marche ! Voilà une approche servicielle très inspirante, non ? 

Une restitution du voyage d’étude est prévue le 9 avril prochain à Marseille. Doit-on la considérer comme un point d’arrivée ou un point de départ pour les travaux du CATEL ?

Ni l’un ni l’autre. C’est une continuité. Nous restons dans cette logique de permettre à tous d’embarquer dans ce voyage d'étude. Il a été très formateur, enrichissant et donc notre volonté, c’est de donner à partager ses enseignements, de pouvoir en débattre. Le choix de Marseille est symbolique dans la mesure où la région PACA était particulièrement bien représentée dans la délégation 2024. C’est une manière de donner de la résonance à leur forte mobilisation. L’après-midi sera organisée autour de deux axes forts : l'innovation technologique et organisationnelle au service de la qualité de la prise en charge des patients et de la qualité de vie au travail et la gestion intégrée des soins et de la santé populationnelle. Nous profiterons également de la présence d’Hannah Koczka, vice-présidente Supply Chain and Ventures du Nortwestern Memorial HealthCare, qui partagera son point de vue américain. Il y aura possibilité de nous suivre à distance pour ceux qui peuvent pas se déplacer.

Quels sont les prochains travaux du CATEL ?

Nous allons continuer à nous positionner comme un tiers de confiance pour développer les approches pluridisciplinaires et faciliter le déploiement et l'adoption des usages de la e-santé. Nos communautés travaillent à l’établissement de lignes de consensus en mobilisant les parties prenantes autour de cas d’usage concrets. Notre objectif est de nous positionner sur un volet opérationnel, d’accompagner les professionnels au plus près dans les territoires et de leur apporter une lecture différente, nécessaire à ceux qui sont pris dans leur quotidien. Nous avons plusieurs axes de travail : l’innovation appliquée à la transformation des organisations induites par la e-santé, l’imagerie médicale avec un prochain voyage d’étude au RSNA (Radiological Society of North America) ou encore l’ophtalmologie avec l’organisation de la Journée Nationale de la Téléophtalmologie qui se tiendra à Rennes le 13 septembre.

Aujourd’hui, quelles sont les principales préoccupations de vos adhérents ?

Le sujet de la télésurveillance est compliqué pour nombre d’acteurs. Le chemin peut être long entre l’intégration des référentiels ANS et HAS, le droit commun qui donne un cadre mais pas forcément aisé à suivre tant pour les professionnels de santé que pour les entreprises et les preuves à apporter. Sur le champ des articles 51, se pose aussi la question de la généralisation du modèle économique qui impacte les délais des projets, comme ceux sur les plaies et cicatrisations. La e-santé questionne le modèle économique et organisationnel conventionnel. Il y a eu des avancées sur ce cadre réglementaire mais le point de douleur réside dans la valorisation des temps et la rémunération. Enfin, on revient au sujet de l’IA et de l’usage, régulé, que l’on peut en faire. Nous ne devons pas tourner la tête mais regarder ce qui se passe, aux Etats-Unis notamment, pour que les travaux soient maitrisés et non pas subis.

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