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COVID-19 : les SI face à la crise – Christine Pichon - DSI CHU Rennes (1/2)

DSIH, Propos recueillis par Pierre Derrouch, MERCREDI 01 AVRIL 2020

L’épidémie de coronavirus oblige les DSI à adapter les systèmes d’information pour maintenir en bon ordre de marche la machine hospitalière. Christine Pichon, directrice des systèmes d'information du CHU Rennes, nous fait partager l’impact de la crise dans son établissement.

Quelle est la situation au CHU de Rennes ? Êtes-vous confrontés à un afflux massif de patients ? 

Nous avons des malades atteints du Covid-19 mais si nous ne connaissons pas la situation du Grand Est ou de l’Ile-de-France. Nous espérons que la vague sera moins haute en Bretagne, même si personne ne sait trop comment tout cela va évoluer. 

Comment avez-vous adapté le système d’information du CHU à cette crise sans égale ? Quelles ont été vos premières actions ?

Dès que la perspective de l’épidémie est devenue palpable, avec les premiers cas qui sont apparus dans le cluster de l’Oise, de Mulhouse puis dans celui découvert à Bruz, au sud de Rennes, le mercredi 11 mars, nous avons lancé quatre chantiers à la DSI. Chacun d’eux est coordonné par un manager de la DSI.
Le premier a concerné le SAMU où les appels ont augmenté de façon importante avec l’annonce des deux premiers clusters. Nous avons accru nos lignes téléphoniques pour étoffer la capacité d’appels entrants. Très vite, nous avons aussi renforcé le nombre de postes de régulation. Concrètement, nous avons complété la salle de régulation par les postes affectés à notre salle ORSEC[1], puis dans un second temps nous avons étendu les capacités de régulation par l’utilisation des postes du centre de formation d’assistant de régulation médicale (CEFARM). Et, dernièrement, nous avons créé une nouvelle salle au centre de formation.
Depuis trois semaines, nous augmentons donc les capacités de régulation toutes les semaines, et adaptons les capacités téléphoniques en fonction des évolutions nationales et des informations transmises par l’Agence régionale de Bretagne.
En parallèle dans ce premier chantier, nous avons adapté le SI à la réorganisation des urgences, des secteurs de réanimation et d’hospitalisation en vue d’accueillir des patients atteints du COVID 19.

Comment avez-vous géré la possibilité pour les agents du CHU de passer en télétravail ?

Après l’annonce du confinement national, le lundi 16 mars au soir, tout s’est accéléré. En trois-quatre jours, nous avons dû nous organiser pour permettre à plus de 500 personnes de passer en télétravail. Il s’agit de notre second chantier.
Avant la crise, nous expérimentions à la DSI des outils de mode collaboratif depuis le domicile, auprès d’une vingtaine de personnes. Il nous a fallu mettre à jour notre infrastructure, notamment nos VPN. L’un d’eux était limité à une centaine de sessions connectées simultanées. Un autre, sans contention de nombre de sessions simultanées, exigeait toutefois une connexion à partir d’un ordinateur portable du CHU. Or, depuis le début de la crise en Chine, nous avions des difficultés d’approvisionnement de PC. Nous avons pu exploiter un petit stock de PC que nous avons monitorés et distribués à des fonctions et/ou personnes ciblées, afin d’utiliser ce second mode de connexion sécurisée.
Depuis, nous avons reçu un nouveau lot de PC afin d’étendre cette possibilité à de nouvelles fonctions identifiées comme critiques ou rencontrant des difficultés particulières d’accès aux ressources SI.

Hormis ces difficultés matérielles, le passage en télétravail a-t-il affecté l’organisation de la DSI ?

Nos équipes de support n’étaient pas dimensionnées pour adresser un pic de demande de support liées au télétravail sur une très courte période. Nous avons dû revoir notre organisation pour y faire face, et certains membres de la DSI sont venus prêter main forte au support.

Un télésuivi des patients atteints de Covid-19 ou suspectés de l’être a-t-il été mis en place ?

Parallèlement au déploiement du télétravail, un chef de projet en lien avec notre équipe d’infectiologues a développé en deux-trois jours un parcours de télésuivi des patients diagnostiqués ou en suspicion Covid-19. L’outil est basé sur application mobile que le CHU utilisait déjà pour des parcours en ambulatoire.
Depuis le lancement de ce nouveau service, plus de 500 patients ont bénéficié d’un télésuivi à domicile, dont 134 en file active au 27 mars. Les autres patients sont guéris et donc sortis du parcours du télésuivi .

Avez-vous un premier retour des patients sur cet outil de télésuivi ?

Les patients nous ont fait part de leur satisfaction de pouvoir garder à distance un lien avec l’équipe soignante. C’est rassurant pour eux.

(retrouvez la 2èmepartie de ce témoignage demain sur DSIH.FR)


[1]Organisation de la réponse de sécurité civile

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