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En direct des #JOUSIB22 | Le numérique responsable, un enjeu de société

DSIH, VENDREDI 18 MARS 2022

Serveurs, ordinateurs, téléphones portables… le numérique structure notre quotidien.  Les échanges qu’il permet sont si virtuels qu’on en oublie parfois leur matérialité. C’est ce qu’a voulu rappeler le journaliste et réalisateur Guillaume Pitron, grand témoin de ces 10èmes  journées des adhérents du SIB. Placée sous le signe du numérique responsable, elles se tiennent cette année à Saint-Malo, les jeudi 17 et vendredi 18 mars.

Pour l’auteur de L’enfer du numérique, voyage au bout d’un like[1], c’est une évidence : « Il n’y a rien que nous ne réalisions dans le monde physique qui ne laisse de trace dans le monde numérique ». L’attention des entreprises et des pouvoirs publics à l’impact du numérique sur l’environnement récent. L‘ « IT for Green » n’en est qu’à ses débuts. « Il s’agit d’un sujet majeur pour les 20 à 30 prochaines années », souligne-t-il. Toute la difficulté réside dans la quasi absence d’outils pour quantifier correctement cet impact.  D’un côté, le numérique abolit les distances et réduits les déplacements. Un bon point pour le bilan carbone. La télémédecine qui s’est imposée au plus fort de la crise du Covid en atteste. Mais de l’autre côté, le numérique a un coût environnemental qu’on suppose non négligeable. Selon le think thank Shift project, il serait plus délétère que profitable, a rappelé en substance Guillaume Pitron. Au fil de son enquête autour de la planète, il a lui-même relevé bon nombre de postes qui pèsent sur le bilan carbone de nos activités numériques. Les métaux rares, nécessaires au bon fonctionnement des interfaces, en font partie. Il cite à titre d’exemple l’indium, sans lequel nous ne pourrions pas utiliser d’écrans tactiles. Le recyclage de ces terres et métaux rares est-il une piste valable pour préserver l’environnement et réduire la production de gaz à effet de serre ? Rien n’est moins sûr : le dés-alliage de ces minerais est complexe, rapporte-t-il. Il fait également mention des data centers, à la consommation énergétique éloquente pour en faire baisser la température.
Le numérique consommerait jusqu’à 10 % de l’électricité mondiale et serait responsable de 4 % des émissions des gaz à effet de serre sur la planète. Si la Scandinavie a pu apparaître comme le refuge idoine pour rafraîchir à peu de frais environnementaux ces datas centers, Steve Case a « refroidi » les optimistes. Nous sommes, raconte-t-il dans son livre The Third wave publié en 2017, à l’aube d’un monde multiconnecté, passant de l’Internet des objets à l’Internet de tout. Selon le fondateur et ancien président directeur général d’AOL, nous consommerons en 2042 45 fois plus de données qu’en 2020… Sommes-nous alors condamnés à une fuite en avant ? Pour Guillaume Pitron, une stratégie nationale de meilleure gestion du numérique et le développement d’outils de mesure de son impact pour l’environnement sont nécessaires pour conduire à des comportements plus vertueux. Mais, ajoute-t-il, il faut aussi introduire de la sensorialité dans cette prise de conscience. Internet, dit-il, a une odeur, celle du beurre rance de graphite dans les mines ; il a un goût, celui des câbles sous-marins que l’on sort de l’océan et qui assurent les flux planétaires des datas… Donner du sens à l’impact environnemental du numérique serait donc, d’abord et avant tout, une affaire des sens…


[1] Aux éditions Les liens qui libèrent

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